Fin de vie et deuil

Témoignages ◦

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Le téléphone de la fin

Le 20 avril 2020, à 21h26, une infirmière m’a téléphonée pour m’annoncer que mon père, de 87 ans, était en fin de vie :

- Vous êtes bien la fille de monsieur Beaulieu ?

- Oui.

- Je suis X et je suis avec votre père. Il arrête de respirer.

- Oh ! Je… Euh… Portez-vous des gants ?

- Oui.

- Pouvez-vous lui prendre la main ?

- Oui.

- Pouvez-vous lui répéter ce que je dis ?

- Oui.

- Je t’aime papa.

- Je t’aime papa.

- Tu as été un père magnifique.

- Votre nom ?

- Natasha

- C’est Natasha, tu as été un père magnifique.

- Je suis avec toi.

- Je suis avec toi.

- Et tu seras dans mon cœur pour toujours

- Et tu seras dans mon cœur pour toujours.

J’ai entendu la machine faire biiiiiiiii. Mais c’était peut-être un peu avant que je cesse de parler.

Moment de silence.

- Toutes mes condoléances.

- Merci. Qu’est-ce que je dois faire, maintenant ?

- Le médecin va venir confirmer le décès. Après il faudra contacter un salon funéraire.

- Ah oui, ok.

- On va vous rappeler ?

- Bientôt ?

- Dès que le docteur est passé.

- Okay.

J’ai raccroché. Je tremblais. Les larmes coulaient. Il était 21h28. Je venais d’assister à la mort de mon père au téléphone.

LE COURAGE QUE MON PÈRE M’A TRANSMIS

Compte tenu des circonstances, je considère que cette fin est la plus belle que je pouvais vivre avec mon père. Bien sûr que je pleure, c’est normal. Mais je constate que mon père m’a laissé une immense part de son courage pour traverser cette étape difficile. J’accepte donc cette fin surréaliste car elle n’est la faute de personne.

JE NE SUIS PAS LA SEULE

Je voulais partager ce « téléphone de la fin ». Vous aidez à vous préparer, si ça vous arrive.

Mon père m’a appris à être positive. Alors je suis reconnaissante. Merci à tout le personnel du CHSLD Jean-de-la-Lande d’avoir pris soin de mon père jusqu’à la toute fin. Dans le respect.

JE VAIS REVENIR…

Quand je serai prête à rendre hommage à mon père.

Un grand merci à Natasha Beaulieu de nous avoir partagé ce touchant témoignage.

Adèle Bourget-Godbout